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Jean-Michel BOLLET

Les mains

Mains de mères,
Jointes en prière,
Alliance amincie sertie en l’annulaire,
Précieux bijou poli aux tâches ménagères.

Mains laborieuses, usées par les lessives,
Frottées sur la planche en bordure de rive.
Maladroites au repos ordinaire,
Semblent s’excuser de n’avoir rien à faire.
Pardon

Mains du dimanche.
« Je ne sais pas quoi faire de mes mains »
Tenues bien posées sur les genoux,
Serrant parfois un mouchoir brodé à la main
Qui a pansé tant de blessures, soigné tant de coups.
Essuyé tant de larmes.
Drames.
« Dis bonjour à la dame. »
« Hé, Dédé,
tu veux encore un café ? »

La main qui aime, qui caresse,
Parfois en timide maladresse,
Le soyeux parcours où l’âme entière délivre sa présence.

Celle posée sur le front du malade en détresse,
Sur le front du mourant en désespérance
Qui abandonne sa main dans celui qui la prend.

Main de bon rire qui décoiffe l’enfant
En jeu d’amitié ;
Main dans la main de l’enfant
Qui regarde l’adulte au visage haut perché
Et qui n’en revient pas.
Il me tient.
Comme je suis bien.

Savoir faire quelque chose de ses mains,
Avoir l’outil bien en mains,
Prendre le coup de mains…
Mettre la main à la pâte,
Avoir le coup de patte,
Chez le potier, le musicien, le magicien, le chirurgien…

Aisance du geste et de la précision rares
Dans la lumière attentive du regard :
Rapport subtil entre matière et outil,
Présence à soi-même et à l’œuvre qu’on bâtit.

Elégantes et fines, belles et soignées,
De fer dans un gant de velours,
Calleuses et massives, sillonnées, éclatées,
Des mains douces en amour
Qui suivent les contours…

On s’écorche les mains pour les avoir enfin libres.
Les témoins, à travers musiques et livres
Ont eu les mains liées,
les mains coupées…
De liberté,
Ivres.

Bravo aux mains qui applaudissent et embrassent,
Qui accrochent les doigts au cou qu’elles enlacent,
Au coeur qui se tend, au rire qui se fend,
Au mendiant qui attend.

Qui battent les tambours, pincent le banjo,
Choquent les castagnettes,
S’écrasent et se heurtent en pluies de claquettes
Au rythme fou du Flamenco
Flamboyant,
Etourdissant.

Merde à celles
Qui cognent et qui tapent,
Qui claquent les visages-façades.
En torgnole sur des gueules
Quand elles se ferment en poings.

Misères veules

Et qui frappent,
Pire encore,
Partent en volées de doigts écartés,
Les-cinq-doigts-de-sa-main-bien-marqués-sur-sa-joue.
Dérouillées,
Pire encore :
« Tu veux ta branlée… ? »

Ô douleurs

Vains dieux………
………………….
………………….

Ô mon Dieu, Ô mon Dieu !
Eloï, Eloï, lama sabbaqthani ?
………………….

La main de Dieu
Ne nous laissera pas tomber.
Où tomber plus bas ?
Sur quel plancher troué ?
Chez les damnés,
Où tomber plus bas
Que dans les bras de Dieu ?

Je te tends la main.
Tu as perdu pied…
Je te tends la main,
Viens.