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Jean-Michel BOLLET

Les jours de l'amitié

Les jours de l’amitié ne sont éteints qu’à peine ;
Viendront soir et matin tenir la main du jour
Et les éloignements accourront en amour
Consoler la douleur de la pauvre âme en peine.

La fracture est vive et la soudure est solide
Si le temps prend le temps de rapprocher les yeux
Qui ne se voyaient plus, perdus dans mille lieux
Où ne se rencontre que la foule invalide

Handicapée d’égards, affublée de tristesse
Racornie et prostrée sur l’éternelle peur
Qui domine les cœurs de son glaive trompeur
Convaincue qu’il est bien le bras de la justesse.

La foule aux yeux sans vue qui nage dans un fleuve
Emportant lentement les corps dans son courant
Attend peut-être que d’un seul coup le ciel pleuve
Et qu’elle sortira de ses eaux en courant

Pour se réfugier dans une grotte aveugle
Où se sent la sueur exprimée par les peurs
Des ensembles de gens (cent mille handicapeurs)
Qui hurlent leur frayeur aussi fort qu’un bœuf beugle.

Ils ne se verront qu’un tout petit peu, à peine
Par le jour qui n’entre qu’un œil après le seuil
Mais ils flaireront l’âcre odeur de vieille peine
Avant de revêtir les habits noirs du deuil.

Et ils se diront de tous mourir avant Dieu :
Parfumons nos chauves sourires ; un vampire
Humera, sucera le sang blanc de nos yeux
Rougis de pleurs amis bâtissant un empire.