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Jean-Michel BOLLET

Les fées étoilées danseront

Il s’est questionné : puis-je encore rêver
Après une nuit noire et une aurore blême
Inaptes à trouver la clé de mon problème
Et qui ont résolu de me laisser crever ?

Nous voici à midi et qui vient me braver ?
Un nuage mi-gris qui avance et menace
De déposer son ombre à mes pieds et tenace,
J’avance en espérant ne pas trop en baver ;

Mais, le coquin est vif, alors, sans m’énerver,
Je déjoue son plan en me glissant sous un porche
Et c’est à ce moment qu’au volant de sa Porsche
M’a fauché jambes et pieds mon ami Hervé.

Comment est-ce arrivé ? Qui voulait m’éprouver ?
Je ne lis ni dans le marc ni dans l’horoscope ;
Quel œil passa la nuit rivé au télescope
Afin de pouvoir tout rapproché m’observer… ?

Avec difficulté, j’ai pu me relever
Et la voiture avait disparu dans la rue ;
La fourrière est venue avec sa grande grue
Et la souleva dans les airs pour l’enlever.

Je suis rentré chez moi pour un peu me laver
Et m’essuyer le front où perlait une goutte
Avant que toute la vie d’un coup me dégoûte
Mais Dieu avait eu le souci de me sauver.

Du cauchemar a-t-il voulu me préserver
Alors qu’il m’avait – nom d’un chien – rendu visite :
« Dis, ami, fais entrer ton rêve et s’il hésite
Rassure-le : que pourrait-il lui arriver ? »

Les belles bulles bleues destinées à rêver
Ont du se dégonfler au bord du crépuscule
Pour que l’aurore les disperse en groupuscule
A moins qu’un claquement de mains les fit crever.

C’est ainsi qu’il perdit l’idée de conserver
Une journée tournée vers le désir de vivre
Et le problème né la nuit vint entraver
Le cheminement qu’il s’obligeait à poursuivre.

Le nuage gris a passé pour le priver
De marcher calmement dans la rue ordinaire
Et l’auto a foncé et faillit achever
A la fois sa matière et son imaginaire.

Quel gâchis ! Quel malheur de ne pouvoir rêver
Surtout quand on ne sait pas comment il faut faire ;
Que ce soir sa pensée sèche aille s’abreuver
A la source claire prête à la satisfaire

Et les difficultés, tour à tour, se noieront ;
Le cauchemar fera au rêve de la place
Et les fées étoilées danseront et boiront

Une eau vive froide plus qu’un cube de glace
Qui surprend brusquement, puis qui prend et enlace
Leurs fées-sœurs enfiévrées qui peur dans le noir ont.