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Jean-Michel BOLLET

Le train de vie

Je n’ai jamais compris pourquoi le train de vie
Conduisait à la mort ;
Mon cheval fut épris d’une route suivie
Sans peur et sans remords.
Ainsi, c’est avec lui que je courus les plaines,
Les déserts et les monts ;
Nous faisions pénétrer d’entières brassées pleines
D’air frais dans nos poumons.
Ses naseaux écumaient et sa crinière blonde
Volait aux quatre vents ;
A cru sur sa croupe, je parcourais le monde
En me sentant vivant.
Parfois, cet équidé s’essayait à la course
Avec un train de fer ;
Sa gorge brûlait tant qu’il cherchait une source
Pour calmer son enfer.
Je lui disais « Jamais » (c’est ainsi qu’il s’appelle)
Tu as fait le malin,
Ce monstre sans fumée au nez, je te rappelle,
Ne fait pas de câlin.
Il est sans longue queue, sans long cou, sans crinière,
Sans garrots, sans sabots ;
Et s’il était extrait d’une terre minière
Et qu’il trouvait ça beau ?
Dans son ventre allongé, a pris place une chaîne
D’identiques humains
Qui voient défiler pin, hêtre, peuplier, chêne,
Sans s’empoigner les mains.
Nous, on partage tout, coups durs, coups doux, on joue,
Et quand tu es brisé
De fatigue, j’ose t’embrasser sur la joue :
Tu m’as autorisé.
Dis, Jamais, comprends-tu vers où ce train de vie
Conduit ceux-là par là ?
- Je ne sais pas, petit, jamais je n’eus envie
D’aller dans l’au-delà.

Et il me sembla que mon cheval me parla.