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Jean-Michel BOLLET

Le clandestin

Le big bang au début ne fut qu’un embryon
Pas plus gros que l’amibe ou le protozoaire
Et pourtant il créa l’Etoile et Orion
Et mit sur la tête la touffe capillaire.

Ainsi, le petit est devenu un géant
Qui se raccourcira en sachant qu’une naine
Somnole dans un coin gagné par le néant
Et sera végétale, animale ou humaine.

La vie tourne sans fin, perpétuellement
Et rien ni personne à l’arrêter n’est capable
Et si la mort dit : moi, tout je tue, elle ment
Car dans le sein reste un clandestin impalpable.

Depuis tant d’années, la grenouille et le crapaud
Habitent dans l’étang, le marais et la mare
Et si le héron au long bec leur fait la peau
Leurs têtards naissent tôt et n’ont pas de l’eau marre.

Salamandre, triton, dolomède et plancton
Savent qu’ils trouveront un ami dans la vase
Pour leur rappeler qu’il existe un vieux dicton :
Le nénuphar n’a pas sa place dans un vase

Puisqu’il sert au crapaud de dos, au ver de toit
Et l’eau qui le supporte a besoin de son ombre
Pour que son petit monde amical et courtois
S’entredévore au frais et augmente son nombre.

La vie tourne ainsi que sans fin tourne la vis
Comme autour de la roue va et vient une chaîne
Qui fait abaisser et monter le pont-levis
Pour sortir une âme et accueillir la prochaine.

Dans le mouvement, le passager clandestin,
Attend sereinement dans le noir que la porte
S’ouvre à la lumière et débute son destin
En portant en son sein un quelqu’un qui importe.