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Jean-Michel BOLLET

Le chant du vent

Au moment où le chant du vent s’entend,
Les êtres vivants sont sur le qui-vive
Et Vincent qui n’a pas loin de cent ans
Sent dans l’âtre la flamme qui s’avive.

Le souffle glacé est né chez le Nord
Indiqué sur la carte et la boussole
Et il va chanter haut comme un ténor
Dont la voix ample rassure et console

Mais ce vent est un lent gémissement
Aigu et long qui partage sa plainte
A ceux éprouvant un frémissement
Quand il tourne autour du mur sur la plinthe.

Il vient droit du froid cet air en courant
Poussé par une main de neige pleine
Et hurlant sa peine, il va discourant
Avec la forêt, le mont et la plaine

Qui, sans lui parler, le laissent passer
Afin d’écourter un peu leur supplice
Mais contre leur gré, ne cessent pas ces
Bouffées espacées dont il est complice.

Ce chant de souffrance est là, chez Vincent
Qui avait pourtant fermé sa demeure ;
Assurément, il faut qu’il l’évince en
Souhaitant même – sûrement – qu’il meure.

Car à l’approche de dix fois dix ans,
Il n’aime écouter qu’une mélopée
Chaleureuse au lieu d’un vent lui disant
Son mal d’une voix perchée, syncopée

En portant le froid dans ses cheveux fins
Qui sévit chez lui dans la nuit si riche
D’un arrêt de vie et son esprit feint
De nier sa fin pire que la friche.

Pauvre élément qui chez Vincent se tord
De douleur en se cognant à la table,
A la cuisinière, au meuble retors
En vocalisant d’un air lamentable

Et ses pieds gelés vont se résigner…
Il traîne par terre et demeure inerte …
Vincent ne sait plus comment désigner
Cet élancement de vitesse en perte.

Et ne s’entend plus qu’un gémissement
Pareil au râle tiède d’une bouche
Qui sort et s’en va le frémissement
Courant chez Vincent qui les fentes bouche.