Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Larcin

Pour n’avoir commis qu’un petit larcin,
Je serai puni d’un tir sur mon sein
Protégeant mon cœur derrière sa cage
D’un projectile qui frappe et saccage.

Pourront-ils tuer cette part de saint
Mise de côté dans le seul dessein
D’aider l’orphelin, le veuf et la veuve
En leur apportant une épopée neuve ?

Henri m’avait dit « reste loin du vol
Car tu seras pris mais prends ton envol
Avec l’oiseau qui siffle et nous regarde
Pour nous dire : - amis, je monte la garde -

Tu as succombé ; pour quelle raison
T’es-tu effondré comme une maison
Aux tuiles percées, aux poutres branlantes
Gardant trop mal les jambes chancelantes ?

Je sais, c’était pour Paul le mendiant
Et pour l’éternel Jean étudiant
Un peu l’Histoire et un peu plus sa femme
Par peur que celle-ci manque et s’affame.

De dérober un bibi à autrui
Entraîne un verdict : tu seras détruit
Et ce qui valait même pas un balle
Coûtera moins que le prix d’une balle. »

C’est vrai, j’ai gaffé ; j’ai vu le dessin
(Ou la photo) d’un maigre buste ceint
D’un long ruban comme une banderole
Où était écrit : « Donnez-moi un rôle ».

Je fus tout ému ; j’ai pensé à ceux
Qui étaient exclus : perdus, malchanceux
Et je le mis sous ma chemise ouverte
Quand le vendeur en fit la découverte…

Il s’agissait d’un croquis esquissé
Par un artiste : qui est-ce qui sait ?
Il portait une belle signature
D’un portraitiste et peintre de nature.

Je ne me souviens plus bien de son nom :
Modigliani ? Ca existe, non ?
En tous cas, je suis condamné ; le juge
Martela : « une mort, je vous adjuge ! »

En pleurs, mendiant et étudiant
Ont bredouillé et en se mordillant
Les lèvres : « ce n’est pas ça la justice,
Réclamons la paix, faisons l’armistice. »

Mais, ce n’était pas la guerre, c’était
Un coup de l’hiver passé cet été
Qui me glace le cœur sous la poitrine ;
Et mon sein a chaud : il est en vitrine.