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Jean-Michel BOLLET

laissons-nous claquer les deux joues

L’enfant est entouré d’un monde si cruel
Qu’il aurait peut-être moins peur d’une tigresse
Mais il doit affronter en bande ou en duel
Le même enfant que lui qui l’insulte et l’agresse

Se défendant à coups de mains à coups de poings
Ils n’arrête pas le sang coulant dans sa veine
Et il ne veut pas mettre à la bataille un point
Tant qu’il ne pense pas que celle-ci est vaine

Oh que son orgueil souffre et qu’il a du chagrin
Quand il se sent vaincu les deux genoux à terre
Comme s’il était le jeune fruit d’un aigrin
Qui n’a pas assez du pur jus qui désaltère

Et monte une immense logorrhée dans son cœur
Qui recense de grands plans pour une revanche
Car s’il est vaincu ce jour il sera vainqueur
Comme perd la laideur face à une pervenche

Et si plus simplement, sa vanité sombrait
Dans l’océan dansant autour de son navire
Aveuglé par un noir nuage qui ombrait
La voie qu’il s’est tracée avant qu’il ne chavire ?

Enfant, étouffe ta plainte acerbe et pardonne
En ne vois la loi du Talion qu’à l’envers
Au lieu de ruminer ta jeune herbe qui donne
Des perles de rosée laissées par les hivers.

A l’ennemi aussi cruel que tu peux l’être
Montre-lui bien que tu ne crains de recevoir
Sur la joue une gifle et écris une lettre
Dans laquelle veut sa jumelle le revoir

Et si ce concurrent revient et recommence
A te plaquer au sol après t’avoir claqué
Le côté symétrique absent de sa démence
Fais-lui remarquer qu’il est un gars baraqué

Ton œil embué va retenir une larme
Qu’il ne verra pas choir et son corps aura faim
De s’agiter encore avec l’une ou l’autre arme
Afin que fièrement il parvienne à ses fins

Ne cède surtout pas reste coi et stoïque
Sa confiance dans son aile aura des plombs
Tirés sans coup férir et sans acte héroïque
Mais avec l’arc blanc d’un ange aux longs cheveux blonds.