Dans quels replis secrets se cache la pensée Tapie et surgissant à l’arrière des yeux Avec une image de couleur nuancée Ou un autre plus bleue qui s’appréciera mieux ?
Parfois, elle descend, se pose sur la bouche Et remonte chercher un élément manquant En fouillant chaque pli, chaque coin, chaque couche Qu’elle dénichera retranché dans un camp.
C’est le soir ou la nuit que la pensée fleurit Après que la journée l’aura épanouie Et son fruit sera mûr avant d’être flétri Pour libérer les sucs de sa pulpe inouïe.
Elle gronde souvent, trépigne et se bataille Avec une ennemie encline à contester Sa vision étroite et de bien basse taille D’un sujet mal traité impossible à tester.
Parfois, une troisième arrive à la rescousse Pour tenter d’apporter une solution Au désordre engendré par leur forte secousse Avec diplomatie et résolution.
La pensée vit, bouge, saute, jase, nous gêne Et vient sans avertir, sans jamais prévenir Pour se mêler de tout en infiltrant le gêne Du désir de présent, souvenir, avenir.
Elle habite chez le poète, le manant Et s’envole souvent en déployant son aile Dans l’espace du temps et engrange en planant La richesse d’une manne exceptionnelle.
Elle est présente aussi dans les yeux de la bête Qui parlent aussi bien que la voix de l’humain En exprimant avec un muet alphabète Le désir de tendre caresse de la main.
Que deviendrait l’être vivant sans la pensée S’il voulait aller se promener Dieu sait où Sévit le gourou dont la raison insensée Lui fait croire qu’il est le maître qui sait tout ?