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Jean-Michel BOLLET

La nuit a eu raison du long rayon de plomb

Il a autant de plomb que d’or dans son rayon
Qui sans mettre le prix pèse sur la perruque
Que je n’ai pas sur mon crâne glabre et ma nuque
Sent sa pointe aussi bien taillée qu’un long crayon
Et veut aller jusqu’en vue de rendre caduque
Mon cou blanc comme le lait qui pend au trayon

J’avance à pas si lents que l’horizon lointain
Ne se rapproche pas en gardant la distance
Qui me sépare de lui et du brin de thym
Auquel je pense et qui serait de circonstance
Pour verdir un peu le sable blond dont le teint
Depuis la nuit des temps affiche la constance

Le rayon, entêté, ici, me vise afin
De traverser toute la longueur du diamètre
Mesuré jusqu’à la gorge où passent sans fin
Les appels de la faim dépassée par le maître
Qui commande au cerveau et même au Séraphin
Devant boire son eau pour ne pas se démettre

Le liquide de vie est l’unique sauveur
De la vue troublée par la ligne floue qui tremble
Et danse au loin profond la danse du buveur
D’un pur jus de cactus éventé qui ressemble
Au nectar d’un ruisseau dont la neutre saveur
Avec la gorge en feu excellemment s’assemble

La soif est redoutable et son drame est que l’eau
Fuit le plomb brûlant du rayon et s’évapore
Au moment où sa place est là dans ce tableau
Contenant la peau du corps souffrant par son pore
Et le chaud au cœur du néant est un fléau
Qui enveloppe le vivant et l’incorpore.

Je marche sans savoir si je vais droit devant
Ou si je tourne en rond depuis bien plus d’une heure
Et je sens que vient une aile vive de vent
M’apporter un peu de frais, une aide mineure
Un instant seulement et le rayon devant
Me tuer est blessé par la nuit qui l’affleure. »