Il a autant de plomb que d’or dans son rayon Qui sans mettre le prix pèse sur la perruque Que je n’ai pas sur mon crâne glabre et ma nuque Sent sa pointe aussi bien taillée qu’un long crayon Et veut aller jusqu’en vue de rendre caduque Mon cou blanc comme le lait qui pend au trayon
J’avance à pas si lents que l’horizon lointain Ne se rapproche pas en gardant la distance Qui me sépare de lui et du brin de thym Auquel je pense et qui serait de circonstance Pour verdir un peu le sable blond dont le teint Depuis la nuit des temps affiche la constance
Le rayon, entêté, ici, me vise afin De traverser toute la longueur du diamètre Mesuré jusqu’à la gorge où passent sans fin Les appels de la faim dépassée par le maître Qui commande au cerveau et même au Séraphin Devant boire son eau pour ne pas se démettre
Le liquide de vie est l’unique sauveur De la vue troublée par la ligne floue qui tremble Et danse au loin profond la danse du buveur D’un pur jus de cactus éventé qui ressemble Au nectar d’un ruisseau dont la neutre saveur Avec la gorge en feu excellemment s’assemble
La soif est redoutable et son drame est que l’eau Fuit le plomb brûlant du rayon et s’évapore Au moment où sa place est là dans ce tableau Contenant la peau du corps souffrant par son pore Et le chaud au cœur du néant est un fléau Qui enveloppe le vivant et l’incorpore.
Je marche sans savoir si je vais droit devant Ou si je tourne en rond depuis bien plus d’une heure Et je sens que vient une aile vive de vent M’apporter un peu de frais, une aide mineure Un instant seulement et le rayon devant Me tuer est blessé par la nuit qui l’affleure. »