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Jean-Michel BOLLET

La mort n'a pas le dernier mot

Je l’ai connu vivant avant ses dix-huit ans
Et ce jour de printemps, le voici nous quittant
A l’aube où la rosée transpire ;
Je l’ai relu avant-hier une énième fois
Et j’ai redécouvert l’esprit de grande foi
Qui le parfum divin respire

Quelques uns dont ma mère auront un peu connu
Cette écriture qui le dessine mi-nu
Avec une pudeur extrême
Et quand on le voyait seul assis sur un banc
Le nez dans ses carnets de l’aube au soir tombant
Il semblait toujours en carême

Il est parti car Dieu l’a rappelé à lui
Avant midi où un soleil jaune-or a lui
Et le voici dans un nuage ;
Je ne l’ai pas cherché et le ciel n’est ouvert
Qu’au vers couché par un poète encore vert
Qui n’a bu qu’un petit breuvage

Oh ! Je dois accepter de Dieu la volonté
Qui a bien décidé dans sa grande bonté
De le retirer de ce monde
Comme il reprend la vie du rat pris dans des rets
Signifiant qu’il met toute marche aux arrêts
Et même l’eau claire et son onde.

Ses amis n’étaient pas si nombreux mais chez Dieu
Il rencontrera des visages radieux
Au milieu d’ailes blanches d’ange
Et il dansera plus qu’il n’a jamais dansé
Avec Marie, Madeleine, un bon condensé
Des jolies grappes qu’on vendange.

Sur terre, ce jeune homme effacé à souffert
En ouvrant tout en grand son cœur qui s’est offert
A un petite poignée
D’amateurs disposés à le considérer
Autrement que celui qui tient à sidérer
Par une écriture éloignée

De la réalité les lecteurs assidus
A Boileau, à Hugo, nets, clairs, sans résidus
Dans leur poésie somptueuse ;
Oh ! Jeune homme imparfait où le présent passait
Dans la conjugaison du verbe où trépassait
Le spectre affreux de la tueuse…

Te voici tant mort et plus vivant que jamais
Car ce que tu faisais, humblement, le l’aimais
Et chaque jour, je le picore ;
A dix-huit ans, tu vis près de Dieu désormais
Et tu vaudras pour lui bien plus que des ors mais
Dans mes nuits je te lis encore.