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Jean-Michel BOLLET

La mode est un éclat

La mode est un éclat à la vie éphémère
Qui éblouit l’aube et se vêt le soir de noir
Puis se fond dans la nuit, maîtresse femme mère
Qui tient contre son sein Labé, Manet, Renoir.

Elle est née, elle est morte et ressuscitera
Pour plaire à l’instant T, au pic de jouissance,
Où le plat laisse la place à la queue de rat
Quand le bœuf n’est plus un symbole de puissance.

L’immédiateté baise la libellule
Voletant de roseaux, de joncs, en nénuphars
Qu’elle abandonnera pour un choix qui pullule
De libellules bleues, jaunes, rouges de fards.

Viens chez moi, j’ai du feu, de la soupe et du pain
Et à la toute fin, (mais je l’écris sous cape)
Je t’égorgerai comme on saigne un beau lapin
Pour te dévorer car la faim me handicape.

C’est dans la lumière que grillent les insectes
Et c’est dans la froideur que se nourrit l’Inuit ;
L’esprit est grand qui se tient à l’écart des sectes
Et qui marie du jour la clarté à la nuit.

Nul artiste sensé, doué, talentueux,
Qu’il soit magicien, musicien, poète,
N’emprunte de chemins caillouteux, tortueux
Pour payer à la société une dette.

Point de feux de paille, point de baiser qui tue,
Point de séduction, point de sécurité ;
Pas de cils charbonneux, pas d’âme dévêtue
Mais silence, travail, honneur et Vérité.

Peintures méconnues de Van Gogh et Gauguin,
Poésies oubliées du grand François Coppée
Tranquillisent Mussot, écrivain consanguin
Qui n’a pas accouché des feux de Cassiopée.

Léonard de Vinci, le brillant Michel Ange
Ont filé lentement leur cocon de lin blanc
Et Marie, fille-enfant a tremblé quand un ange
Lui prédit un petit tout à Dieu ressemblant.

Paris ne s’est pas fait en un jour seulement ;
La constance de la graine a fait naître un chêne ;
La tigresse donne – après un long feulement –
Un futur prédateur qu’aucun monstre n’enchaîne.

A la nage s’en va de la Pomme une vague
Qui arrivera – sans savoir – quel jour à Caen ;
Vauban envisageait avec une idée vague
Qu’il finirait son fort en ignorant pour quand.

La mode est à la face, au bouc, au trait pas net
Au socle dans le sable, à l’heure du smartphone
Mais demeure encore la beauté d’un sonnet

Qui enluminera pour longtemps flore et faune
Charmées par le cristal sonnant du xylophone
Produit par l’émouvant mouvement du poignet.