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Jean-Michel BOLLET

La foi du charbonnier

Qui me cheville au corps, dites, qui me cheville
A part la foi du charbonnier
Qui me préserve de grogner
Quand un temps mort m’étend ou me recroqueville ?

Qui me fait croître et attraper la vérité
Toujours si difficile à prendre
Et qui est d’accord pour se rendre
A l’esprit sain qui n’aura pas démérité ?

Qui m’interdit de dire et m’autorise à taire
Le génie que le poète eut
A montrer sous son front têtu
Qu’il a la tête en l’air et les pieds sur la terre ?

Qui s’accordera de me faire la leçon
De choses, de bouquets de roses
De belles rimes et de proses
Partagées par l’oiseau qui apporte le son ?

Je ne veux rien savoir, je ne veux rien connaître
Ni même surtout rien toucher
Mais m’allonger et me coucher,
M’endormir, oublier, me réveiller, renaître !

Et ne vouloir par voir et croire sans douter
Que la chair est liée à l’âme
Qui de grâce et chaleur se pâme
Tant et si bien que je n’ai rien à redouter.

Quand dans mon crâne ont crû de drôles de pensées
Qui viennent à un chemineau
Marchant sans le chant d’un moineau
J’ai interrogé un souci et deux pensées :

Sauvages fleurs venues égayer mon chemin,
Croyez-vous que la terre est ronde,
Que la pluie tombe quand Dieu gronde
Le nuage qui fait de l’ombre au genre humain ?

Comment avez-vous fait pour avoir une tige,
Un pétale aux tendres couleurs
Et sans doute pas de douleurs
Attrapées par les grands éprouvant le vertige ?

Qui m’entame l’âme, dites, qui me l’entame
Avec la lame d’un couteau
Usée pour ouvrir un tourteau
Et pouvant percer la peau de l’hippopotame ?

Qui me travaille au corps, dites, qui me travaille
Aussi durement que l’hiver
L’écrasement de l’univers
A part la Foi qui me soutient vaille que vaille ?