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Jean-Michel BOLLET

La férocité du couguar

La férocité du couguar
Est dans ses yeux ; ah ! Quelle bête
Perce avec l’éclair du regard
L’œil et pénètre dans la tête… ?

Je sens une chose qui fuit…
Ça goutte, goutte sur ma nuque...
Ça me mouille, m’inonde et puis...
Ca m’inondera jusqu’à jusque ?...

Voilà que ça vient sur mon cou
Et que ça commence à descendre
Doucement et à petits coups
Sur mon rondouillard ventre tendre.

Le couguar est assez méchant
Et a en horreur qu’on l’embête
Mais est-il assez fou et bête
De ne pas écouter mes chants ?

« Ô mon mignon gentil félin,
Bel habitant de la savane,
On n’est pour l’autre pas fait l’un
Et qui, devant moi, se pavane ? »

Fièrement, tu me tends tes crocs
En retroussant une babine
Pouvant faire de gros accrocs
Sur le contour de ma bobine.

Maman ! J’entends ton feulement
Et me frissonne la colonne ;
Ce gueulement non seulement
Effraierait panthère ou lionne

Mais aussi les cactus en fleurs
Les buissons mêlés d’aubépine
Les nuages au bord des pleurs
Et le raisin dans ma chopine.

Beau puma, tu n’es qu’un gros chat
A l’éducation sauvage ;
Moi, je peux faire un entrechat
Appris lors de mon élevage.

Puisqu’on ne se comprend don’ pas,
Gardons-nous à bonne distance ;
Qu’entends-je ? Je suis ton repas ?
Au menu de ta becquetance ?

Allons, allons, regarde-moi :
J’ai du mauvais sang dans l’artère ;
Autour de toi, tu as le choix
De tout ce qui court sur la terre.

Plein de gouttes sont sur mon front ;
Ça perle, perle sur l’arête
De mon nez bien né et tout rond ;
J’aimerais bien que ça s’arrête...

Sa patte a jailli, l’animal
A failli m’emporter la joue ;
Je ne me sens ni bien ni mal :
Est-ce que ce chat se la joue ?

J’envoie balader ma sueur
D’un revers de main déjà moite
Et l’horreur est dans la lueur
Clairant dans l’œil qui me convoite.

J’ai beau me dire : n’aie pas peur,
Il ne doit pas savoir la règle :
« Chouchou, si l’un de nous deux meurt
Tournera dans le ciel un aigle. »

Mais, le puma ne comprend pas
La langue de la race humaine
Puisqu’il vient droit de la pampa
Dont les siens gardent le domaine.

D’Argentine jusqu’à Belfort
Il a du faire un long voyage
Pour rendre visite au plus fort :
Le lion sorti de sa cage

Qu’il a devant lui car je suis
L’homme à la chevelure rousse
Au poitrail ouvert qui poursuit
Les animaux nés dans la brousse

Et d’une main fermée en poing
J’éclate sa gueule qui saigne
Et je mets à ce conte un point.
(Pour la suite, qu’on se renseigne)