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Jean-Michel BOLLET

La déesse de la paix

L’union la plus sûre et la plus fraternelle
Est celle contractée dans la gratuité
Avec l’amie fidèle à perpétuité,
Bien calée aux côtés de la paix éternelle.

La déesse nommée sait rabibocher tout :
Les malades, les fous, les chrétiens, les païens,
Les disciples d’Ubu, des rêves kafkaïens,
Les Narcisse imbus d’eux, les Suisses, les Bantous.

La vie, elle, est jalouse et mesquine et rebelle,
Toujours en fusion, en contestation,
En imprécations, en lamentation,
En briseuses de cœurs surtout chez la plus belle.

Elle est une bouillie, un immonde magma,
Où seuls les plus costauds sont encore en morceaux
Quand les tout petits gars, les humbles vermisseaux
Trop tôt écrabouillés, nagent dans leur plasma.

Elle sème le trouble au lieu de grains de riz,
Déchire, broie, réduit la paroi des entrailles
Où devraient s’élever de solides murailles
Pour contrer l’ennemie armée de bistouris.

Déesse de paix, je fonds, coagule, assemble ;
Je lie le désuni, accorde au démuni
Le privilège de se croire rajeuni
Dans ma nuit où chacun beau et laid se ressemble.

J’ôte boulets lourds, fers, serrures et entraves,
Gros anneaux aux naseaux des beaux museaux de veaux,
Chaînes, clous, œillères, bandeaux, pauvres dévots
De la vie qui n’a pas signé la paix des braves.

Je vous offre l’amour mais sans le sentiment
Qui vous oblige à suivre une seule aventure
Alors qu’auprès de moi s’étend la créature
De votre choix sans la crainte du châtiment.

La vie vous aveugle et chez moi sont les ténèbres
Qui gardent les yeux clos et les âmes sereines
Où sont déjà venus tant de rois, tant de reines
Mille fois plus connus, mille fois plus célèbres.

Tu avais peur, ami ? Je pactise avec toi
Alors que l’autre te vend le vent, le tourment ;
Elle boit ton bonheur dans son gosier gourmand,
Moi, je prends ton malheur, à l’abri, sous mon toit.