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Jean-Michel BOLLET

L'été est un hiver qui habite en Norvège

L’été est un hiver qui habite en Norvège
A l’ouest d’une Suède où ici le nord neige
Assez loin d’un sud plein d’un océan indien
Qui chérit le soleil dont il est un gardien

Quand il apparaît en entrant à Saint Silvère
Où sont passés muguet jacinthe et primevère
Derrière peut-être le petit Gulliver
Il souhaite mettre à l’essai un doux lit vert

Mais les terres étant couvertes d’herbes blondes
Il s’enquit d’allonger tout son long sur les ondes
Si rares des mares et des stagnants étangs
Où le nénuphar sur leur surface s’étend

Après quelque moment bienheureux de détente
Il contemple une branche où une ente le tente
Jolie jeune esseulée qui vit dans un prunier
La connaissant depuis un mi-mai printanier

Cependant, se pendant à sa solide tige
Des fruits neufs affrontent les affres du vestige
Hanté par leurs aînés qui ont tant travaillé
Que leur désir de vivre encore est entaillé

Nombre de buissons de ronces foncent des mûres
En les protégeant par leurs piquantes armures
Et s’étire en longueur sur la blancheur des murs
Une vigne aux raisins violets presque mûrs

Qu’il regarde avec ses yeux d’hiver et s’étonne
Que dans l’instant s’entend un loriot qui chantonne
Oh l’hiver dépouillé s’est changé en été
De sa tête à ses pieds qui avaient végété

Quelle joie de le voir sans froid sans gel sans neige
Qu’il a dû consigner dans un fjord de Norvège
Dont il a conservé la clé sous un rocher
Défendu aux déçus du sud de s’approcher

Maintenant, il est temps, la tempe de septembre
Entend les battements de son cœur de décembre
Qu’il a bien préparé assez pour apporter
Des bébés d’été que les Nords font avorter

Le voici parti qui a mis dans ses valises
Cerises, merises, figues, les vocalises
Des serins, des pinsons, des bouvreuils, des ruisseaux
Et au bout de ses bras, pendent sept ou huit seaux

De prunes, de pruneaux, de dorées mirabelles
Quelques orchidacées aux rebelles labelles
Qui vont mourir bientôt demain certainement
Car là où il va il faut de l’entraînement

Reviens nous repeindre en jaune le paysage
Dit un au revoir qui suspend un arrosage
En ayant deux rougeurs dans chaque blanc des yeux
Pendant qu’un paon à queue bleue ouvre un pan aux cieux.