Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

L'étang

Etang, souvent, te vient l’idée
De l’aventure et du voyage
Avant la venue du grand âge
Lorsque ta peau sera ridée.

Le petit peuple qui t’habite
Dont tu as fait la connaissance
Dès le début de ta naissance
Ne veut pas ta sortie subite :

Où irait l’araignée nager
A qui tu donnes du bon temps ?
C’est vrai, l’étang, c’est embêtant
Ce désir de déménager !

Certes, tu prends des coups de vent,
Des trombes d’eau venues d’en haut,
Des soleils de midi trop chauds,
Méchants, qui te boivent vivant.

Mais, que feraient le nénuphar,
La salamandre, le triton,
La grenouille, dont, écrit-on,
Les soirs blafards ont le cafard ?

Et ton visiteur, le pêcheur
Assis, calme, consciencieux
Sur ton pourtour silencieux
Bordé par l’ombre et la fraîcheur…

Un aulne grandi dans ton coeur
Chante en remuant chaque branche
Et regarde sauter la tanche
Qui fait rire un merle moqueur ;

Le froid, la neige ou le brouillard
Sont capturés dans son feuillage
Et tu lui donnes ton breuvage :
Vous savez êtres débrouillards !

La brise t’apporte un frisson
De milliers de plis sur ton dos
Qui font onduler un radeau
D’herbes voguant à l’unisson.

Les joncs, les roseaux apparus
T’ont demandé soins, aide, appui
Quand se sont asséchés les puits
Et le filet ténu des rus.

Ah ! dis-moi que tu as compris
Et que tu laisses Berre et Tau
Pollués par les pots d’autos :
La campagne n’a pas de prix.

Entends-tu étang qui t’étends
Dans ce long champ nonchalamment
Les chants, les mots de tes charmants
Habitants pour qui tu es tant !?

Reste avec ceux emplis de grâce
Et de véritable amitié ;
Les expatriés font pitié :
Leur eau claire est devenue grasse.