Vos
poèmes

Lorsque, tard, je m’en vais
Les doigts tendus en V
En signe de victoire
Que jugera l’Histoire

Je suis fier de n’avoir
Pas porté de bavoir
Et gardé ma salive
En crachant une olive

Aux pieds de l’ennemi
Dont la face a blêmi
Qui partit sans attendre
Une prune moins tendre

En criant : je t’aurai !
Et je dis : je saurai
Porter pour ta revanche
Au col une pervenche…

Il s’enfuit ; plus jamais
La belle que j’aimais
A l’attitude étale
Déploya un pétale.

L’ennemi avait pris
(En savait-il le prix ?)
Mon exquise jacinthe
De pétales bleus ceinte.

Un lys est arrivé
Dans mon jardin privé
D’elle et ma rouge rose
Eut le cœur moins morose ;

Les deux eurent cent neuf
Rejetons au sang neuf
Prêts pour faire la guerre
Que je gagnai naguère

Seul contre le danger
D’un esprit dérangé
Livrant une bataille
Qu’il savait à sa taille.

L’Histoire, elle, dira
S’il égale dix rats
L’arracheur de la tige
D’une fleur de prestige.