Tous ces souffles de vent qui font voler l’argent Qu’essaient de capturer toutes sortes de gens, Pourront-ils retomber et s’enfouir en terre Une fois libéré le mal héréditaire ?
Les malades atteints se lèvent de bonne heure, Le gros sac dans le dos et quittent leur demeure Concentrés et tendus dans le but avoué De le remplir d’or non aux gémonies voué.
Capitaux, intérêts, placements à court terme ; Cette usine cotée, on apprend qu’elle ferme ; Faudrait-il investir dans l’or ou dans la pierre ? Qu’auraient fait, dans ce cas, Emmanuelle ou Pierre ?
Les œuvres d’art, le vin, ils collectionnent tout, Les fils d’oncle Picsou, des frères Rapetou ! Le luxe est un parfum qui sent si bon… Enfin, On mange toujours plus et même – Ô mœurs - sans faim.
Si le sac n’est pas plein, le chercheur est enclin A boire le sang du soleil à son déclin ; La bourse s’affole mais que fait le pétrole ? La banque mondiale a perdu le contrôle…
Moi, j’ai vu de l’argent filant dans des cheveux, Dans l’étoile filante invitant à un vœu, Dans la rosée perlée, brodée de rutilance, Dans la rare parole avant l’or du silence,
Sur un crin de jument laissé au barbelé, Sous un pis de bovin rosé et blanc de lait ; Je l’ai vu, éclatant, dans les yeux exercés Du menuisier ignare aux courses de tiercés.
J’aimerais expliquer aux fils de mes enfants Que la biche est heureuse en allaitant ses faons ; Qu’on trouve un bénéfice à contempler des friches, Qu’ils vont aussi aux cieux, mon dieu, les pauvres riches.
