Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Jouirons-nous ?

Jouirons-nous jusqu’à la fin des temps
En prétendant que cela nous détend ?
Ne savons-nous pas que la jouissance
Est l’ennemie jurée de la puissance ?

Eveillons-nous à l’aube du matin
Dans des draps purs de lin ou de satin
Et ouvrons la fenêtre à la colombe
A la blancheur à laquelle on succombe.

Ecoutons et chantons avec l’oiseau
Se balançant léger sur le roseau
Et tournons vers le nuage un visage
Eclairé par la lumière du Sage

Prions dieu qui a fait naître le jour
L’eau et le feu et le soir pour l’amour
Demandons-lui un cœur propre et sans trace
Afin d’aimer sans souci de la race

Respirons la bonne odeur de la fleur
Et laissons la rosée perler son pleur
Repassons l’âme après son nettoyage
Et endossons-la pour un beau voyage

En suivant le chemin sans buissons
Sans l’épine qui pique les frissons
Puis couchons-nous dans un champ de blé tendre
Où seulement le vent peut nous entendre

Murmurer je veux te remercier
Dieu de bonté opposé au sorcier
Qui me guérit avec une prière
Dont la force est celle d’une guerrière,

Délivre-nous du désir de jouir
Des faux soleils nés pour nous éblouir
Couvre-nous d’un habit de laine brute
Juste avant de monter la pente abrupte

Pour repousser les ombres du démon
Détachées sur les apogées des monts
Drapées dans le secret qui tente et hante
Autant que la voix du fausset qui chante.

Fais-nous jouir de ta création
Des plaisirs de la récréation
Quand la joie simple avec la joie se lie
Et que rit un pleur de douce folie

Eloigne de nous la tentation
De la vaine et trouble excitation
Et dissuade-nous d’aller à l’acte
En signant de ta patte blanche un pacte

Sommes-nous des hommes faits pour jouir ?
Ne vaudrait-il pas mieux se réjouir ?
La somptueuse eau de source en nous coule
Et son murmure est si doux qu’il roucoule

Des sons innés couvés par le pigeon
Engorgé de la sève d’un bourgeon
Destiné à être une jolie feuille
Laissée à l’œil que seul son iris cueille.

Les dangers sont désormais écartés
Et ont laissé leurs places aux clartés
Divinement nimbées du blanc de l’ange
Elevant les cœurs purs par la louange.