Vos
poèmes

Je t’écris, je ne sais pas bien
Ce que je dois mettre en ma lettre
Et cependant je sais combien
Tu ressens le soir un mal être

Ce sentiment est à celui
Que plonge le noir dans le doute
Celle et celui dont l’âme luit
Avant la nuit qu’elle redoute.

N’éteins surtout pas ton esprit
Qui sur ton corps blanc d’enfant veille
Et dis-lui que tu as compris
Qu’à chaque aurore il te réveille.

Afin qu’il soit bien allumé
Prie pour que le feu de sa flamme
Par aucun ne soit enfumé
Dans sa pleine noirceur de l’âme.

Je t’ai appris comment prier
Rappelle-toi, c’est si facile :
« M’ouïe, esprit, m’ouïe crier :
Apaise mon ire indocile. »

Je t’écris, je connais ton mal
Lis, relis ma longue missive
Que ton conduit (le lacrymal)
Ne passe pas à l’offensive.

Repousse au loin le moindre pleur
Et viendra la nuit te sourire
Avec dans son voile une fleur
Que ta lettre va me décrire.

Oui, j’ai bien dit, tu m’as bien lu
J’espère une réponse claire
Devenu tu es un élu
De celui à qui tu dois plaire.

N’aie plus, je t’en prie, n’aie plus peur
De l’approche du crépuscule
Moins puissant qu’un cheval vapeur
Dont l’encolure est majuscule

Et mille fois moins que l’esprit
Qui dompte la froide matière
Dont l’inertie très vite apprit
Que sa place est au cimetière.