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Jean-Michel BOLLET

Je me fiche du soleil de midi

Je me fiche pas mal du soleil de midi
Ainsi que de celui qui se réveille à l’aube
Car je crois ce que mon véritable ami dit
« Que te chaud qu’il ait mis sa jaune ou blanche robe ? »

Est-il vraiment vêtu ? Je le vois toujours nu
Quand il me montre sa pleine figure ronde
Où je cherche ses yeux… M’aura-t-il reconnu
Une fois venu quand je l’insulte et le gronde ?

Oh ! Je sais, vous pensez : comment ne pas aimer
Ce qui change l’argent en or, en bronze, en cuivre
Et apporte au printemps qui vient de se semer
La chaleur de son front qui fait fondre le givre ?

Mais, mes amis le gel et la neige et le froid
Ne m’accablent pas de coups sur ma tendre joue
Et les trois unis sont incontestés les rois
Qui donnent de la joie avec laquelle on joue.

Oh ! Je sais, vous pensez : comment peut-on jouer
Quand ces gaillards sont les maîtres des apogées
Et que seul un Dieu dur ne put que les louer
Dès que les nuées par eux furent arrogées ?

Ces tueurs sont vecteurs d’une douce chaleur
- Ignorée par le feu de l’extrême fournaise
Attaquant sans vergogne une pauvre pâleur -
Qui rafraîchit la peau brune camerounaise.

Laissez des Sibérie, même un petit Moscou
Accueillir à l’année cette trinité sainte
Qui ne fait pas de mal à la nuque et au cou
Et qui veut rester vivre, ici, dans cette enceinte

A des lieues des étés, de Rabah, de Tanger
Où les soleils sont les ennemis détestables
Des nez enfarinés connaissant le danger
Eprouvé par les peaux rousses non thermostables.

Je me fiche pas mal de cet astre du soir
Dont le sang tant brûlant se répand sur la lande ;
Je rêve de Norvège où je pourrai m’asseoir
Dans sa neige éclatant de cristaux en guirlande.

Je respecte le gel et la pluie et le froid
Et méprise un soleil né pour que son rai grille
Qui de surcroît se voit en petit roi qui croit
Qu’on ne l’enfermera pas derrière une grille.

Je me fiche pas mal de cet omnipotent
Incapable de boire une ombre sous ma table
Et en s’approchant du soir, lent, ventripotent,
Il descend en suant un sang épouvantable.