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Jean-Michel BOLLET

J'ai fait comme on m'a dit

J’ai fait comme on m’a dit : bonjour, merci, mesdames
En embrassant les joues piquantes des messieurs ;
J’ai cultivé mon don d’aimer nombre de femmes
Orientées vers Dieu qui siège dans mes cieux.

Mon métier est coté dans la société
Et je me suis inscrit en parti politique
Qui permet de briller (et sans sobriété)
En prêtant, tout autant, le flanc à la critique.

Je suis dans la moyenne, en pleine méridienne,
Bien placé en hauteur, en largeur et d’ailleurs,
Je passe mes étés en cité tropézienne
Et mes hivers à ski, au cœur de Courmayeur.

Mon auto est française et j’écoute Europe un,
Je joue au quinté plus, à la roulette russe ;
Je fabrique mon pain que Marcel mon copain
Trempera dans son vin qui se vend bien en Prusse…

Je pratique le sport dimanche de bonne heure
En ménageant l’effort produit par ma sueur
Réservé à une performance majeure :
Sortir l’anisette du réfrigérateur…

J’ai tendu la joue droite afin d’égaliser
L’événement venu sur celle qui l’oppose ;
Pourquoi faudrait-il donc toujours rivaliser
Avec l’amitié qui veut prendre une pause ?

J’ai fait comme on m’a dit sans avoir réussi
A faire des enfants plus loin que la virgule
Car, j’ai fait le calcul, convenez-en aussi :
Fabriquer un têtard, c’eût été ridicule !

Et Jean-Louis a dit que tout était fini,
Le Dieu du gaspi et le temps des colonies ;
Que les économies sont dans le bikini
Et la poitrine nue dans les cérémonies.

J’applaudis en fêtant les cinq fruits et légumes,
J’évite la ferraille et le clou du spectacle
En jetant mes papiers dans le bon réceptacle
Et en cassant mes noix entre deux peaux d’agrumes.

J’ai supprimé l’alcool à part sur un bobo :
Aïe, aïe, aïe, qu’il est chaud le degré de nonante !
Ma vie n’a plus de train, je chevauche un robot
Et peine à relier Besançon (Doubs) à Nante.

J’ai fait comme on m’a dit, je me méfie de tout,
Je contourne l’égout et sa puante bouche
Qui agresse le nez et fait perdre le goût
Du camembert exquis qu’André moule à la louche.

Quand je vois Adrien, je le hèle de loin
Par crainte d’attraper un virus effrayant
Porté par son porcin qui néglige son groin
Ou par son processeur au circuit malveillant.

Je traque sans pitié tous mes vieux gaspillages
Et recycle l’eau sale en lavant mon crachat ;
Le toit de ma maison est couvert de feuillages ;
Je me suis séparé de mon pouvoir d’achat.

J’ai reçu la visite impromptue d’un ministre
(Ecolo, c’est logique : il est écologique)
Qui m’a dit : « mon ami, chez vous rien n’est sinistre,
Vous êtes un archer type zoologique,

Un garçon très moyen, sans destin, ordinaire,
Dont le comportement doit être encouragé ;
La France a besoin de citoyen partenaire
Capable de changer un esprit enragé »

- Mon bon monsieur, sachez que je suis trop âgé
Pour donner des leçons reçues dans ma jeunesse ;
J’ai fait comme on m’a dit sans apprendre à nager
Et je traverse mon cours d’eau à dos d’ânesse.