Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Ils se sont arrêtés

Ils se sont arrêtés et voyaient qu’ils vivaient
Bien qu’ils ne marchaient plus sur la grande avenue
Et ont pensé qu’était venue
Une heure molle devenue
Dévêtue du temps qui dort auprès des chevets.

Ils se sont arrêtés et ont vu que leurs pieds
Longtemps après fumaient sur la bande roulante
Et ont su que leur marche lente
Qui caresse en douceur leur plante
N’est pas le feu méchant consumant les papiers.

Ils se sont arrêtés et virent que leurs yeux
Se posaient à coté d’une maison coquette
Surmontée d’une girouette
Aussi vive qu’une alouette
Tournant grâce au vent et chantant Dieu dans les cieux.

Ils se sont arrêtés et pourtant tout bougeait
Jusqu’aux gaz emplissant les ballons dans le ventre
A la voix pareille à un chantre
Qui entre et qui se situe entre
Mésange, rossignol, pinson, merle, hibou, geai.

Ils se sont arrêtés leur cœur continuait
D’envoyer du sang dans la veine et dans l’artère
Et cependant assis par terre
Ils sentaient que leur ministère
S’agitait sans qu’un coup de fouet s’atténuait.

Ils se sont dirigés vers l’isolée maison
Surprise de cette visite inattendue
Qui leur offrit son étendue
Et son âme s’est entendue
Avec ces garçons qui mêlent cœur et raison.

Enracinés là, murs, toit, plancher, peaux sur corps
Se sont mariés et regardaient l’avenue
Trafiquant l’aller la venue
Des chercheurs de la bienvenue
Que peut leur donner la vie avec leur accord.

Ils ont posé leurs pieds sur les fondations
De la maison hantée par la simple existence
Ecartant largeur et distance
Et dont la seule subsistance
Est la joie nourrie par ses trépidations.

Ils ont tout arrêté ; la demeure avant eux
Savait que c’est ici que la vie est heureuse
En consolant l’âme pleureuse
De son amitié chaleureuse
Qui tient les mains quand l’air serein devient venteux.

Sans déplacement, sans souci de Kazakhstan
Sans vouloir s’envoler pour Paris ou pour Rome
Se peut repousser le syndrome
Du rêve de l’aérodrome
Où un biplan attend quand le temps se distend.

Pompages du cœur, eau, urée, sueur et sang
Jouent à nous amuser ; dans tous les sens ça danse !
Sans vétiller sur l’abondance
La vie a un espace dense
Où portes, toits, peaux, mains, murs sont effervescents.

Occupants et abri yeux ébaubis regardent
Les pieds fumants, les roues roulant sur l’avenue
En pensant dure la venue
D’une heure molle devenue
Dévêtue du temps que les immobiles gardent.