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Jean-Michel BOLLET

Grand froid

Seigneur espéré, le Grand Froid
Annoncé vint – bonne surprise ! -
Plaquer le gel et son emprise
Sur les trottoirs où il est roi.

Tant pis pour les tout petits pas
Tentant de garder l’équilibre
Dans des souliers de gros calibre
Réglant la longueur des compas.

Malheur à l’engin de transport
S’éloignant de sa trajectoire
Qui klaxonnait vite victoire
Avant d’arriver à bon port.

Ruser avec un invisible
Exige un strict entraînement ;
Ce malicieux garnement
Se gausse d’un écart risible.

La neige arrivée bien plus tôt
Secoua ses flocons par terre ;
Dingo, chien au bon caractère,
Voulut ressembler à Pluto

Et fit voler ces milliers
De mignons ronds à tête blanche
Ayant d’une manière franche
Agréés ces jeux familiers

Mais qui, s’ils n’ont rien à cacher,
Sont de brillants cristaux de verre
Qui rayent de façon sévère
Les mains (d’accord ?) sans les tacher.

Doigts, orteils, visages glacés,
Oreilles rougies ont l’écoute
Du corps rêvant que rien ne coûte
De laisser ses os enlacés

Par des bras autour de ses hanches,
De ses épaules, de son cou
Après avoir bu un bon coup
De gnôle qu’on sert les dimanches.

L’hiver s’est fait accompagner
D’un couple d’amis sans scrupules
Qui – Oh ! Les joyeuses crapules –
Ont du mordant dans leurs paniers.

Si l’ânier ne peut pas nier
Préférer le gel et la neige
Aux chevaux de bois d’un manège
Impossibles à manier,

Les copains du froid en commun
Ont sans vergogne conscience
D’user à chaud de leur science
Pour faire à eux deux tout comme un.