Vos
poèmes

J’ai interrogé ma compagne :
« Et, si nous quittions Besançon
Pour vingt années à la campagne
Où l’on sait que les bœufs en sont ? »

Chez nous, pousse de la verdure
Elevée par des granulés
Mais pas de sauvage bordure
Qui fait boiter les ongulés.

A l’écart de la foule humaine
Ecrasée par mille objets vains
Nous passerons une semaine
Où les sapins ont des bovins.

Soulagés de la courtisane
Au sourire jaune forcé,
Nous saluerons la paysanne
Au rire frais, clair et corsé.

Nous échangerons notre rue
Contre le sentier aux bolets
Emprunté par l’ânesse drue
Flanquée de deux bouilles de lait.

Tant pis pour notre basilique
Et ses arpèges d’harmonium ;
On écoutera la musique
Du vent striant le géranium.

Vivement les bergeronnettes,
Les linottes et les piverts,
Le coassement des rainettes
Vertes sur des nénuphars verts !

Serons-nous blasés, sans ressource ?
Nenni, nous serons attendris
Par le murmure de la source,
Le petit cri de la perdrix.

Viens, partons à toute vitesse
De cette ville aux grandes tours
Chez ceux qui ont la politesse
De nous recevoir sans détours.

Tu aimeras cet équilibre
Introuvable dans Besançon
Où chaque être est joyeux et libre
De pleurer, de rire en chanson.