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Jean-Michel BOLLET

Eloge de la lenteur

La lenteur qui n’est plus à la mode évite
La folie du zip fermé en un éclair
Et en résumé tout ce qui va si vite
Que le tri hésite entre habit sombre et clair

L’an lent mit mille ans pour remplir l’océan
Le pacifique l’indien et l’atlantique
Et pour que l’humain encense son séant
Re-péta cent ans un air de son cantique

Paris n’a pas pris le bras de la vitesse
Mais s’est adressée aux mains de la lenteur
Qu’elle le lui offrit avec la petitesse
Des maillons de sa chaînette d’arpenteur

Vaches ont ânons escargots limaçons
Le pied qui est un ami de la seconde
Aussi rapide que le mur des maçons
Qui attend que le ciment lent le seconde

Petit à petit ont fleuri lys et ciste
Les nids que les pies ont décoré de crins
Pillés aux chevaux sans esprit belliciste
Mais pour mourir et vivre dans des écrins

Petit à petit si l’oiseau fait son nid
Le jour ne s’éteint qu’au bord du crépuscule
Et un bon ampli de la marque Sony
fait pièce après pièce est un bien majuscule

Le matin chagrin se lève avec l’aurore
Qui le débarbouille en lavant ses prés verts
De l’immaculée rosée posée encore
Après le baiser du poète Prévert

Qui pètrovitchie le grand-père riait
D’une expression disons très cavalière
Et afin d’avoir de la joie il priait
Dieu de derrière l’asseoir la cavalière.

Indéfiniment, l’horizon tient sa ligne
Plus ferme encore que celle du pêcheur
Qui cède parfois quand une proie maligne
La tire comme dieu au fond le pécheur.

Se fait battre la précipitation
Grande sœur de la rapidité aînée
Par le lève-tôt dont l’excitation
Est d’avoir le nez sur la fleur juste née

Puis qui l’accompagne en pensées quand il sent
Le brin de thym frais qu’il met dans la cocotte
Posée sur le feu exhalant viande et sang
De l’adorable et rondelette cocotte

Dont la chair sera découpée et goûtée
A midi passées et repassera tard
Le soir sans que la langue soit dégouttée
Et sans accuser une heure de retard

Eternellement le vent chante et la brise
Entend ses chants et chuchote avec les gens
En les caressant pour rosir leur vie grise
Et les adoucir tout en les allégeant

La nuit freine un peu les agitations
Mais l’éclair fuse souvent et sa lumière
Reste sans cesse et sans hésitations
A l’origine de la vie la première

La vie naît quand la molécule s’agite
Avec sa consœur pour danser le tchatcha
Mais quand elles vont s’assoupir dans leur gîte
Qu’il est bon le son du ronron de son chat

Vive la lenteur avançant sans élan
Vive le marcheur arpentant sans bougeotte
Vive le bois lent poussant sur un élan
Vive le gigot qui rissole et mijote.