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Jean-Michel BOLLET

Dans sa tour d'ivoire

S’il se fait du bien il fait du mal à autrui
Qui le regarde avec les yeux de l’épouvante
Et lui tranquillement ne sait pas qu’a brui
Un frissonnement de cheveux que le pou vante

Il ne s’emmêle pas les mille poils du chef
Et persiste à vouloir s’occuper de lui-même
Comme tard hier soir et ce soir derechef
Sans pouvoir se dire celui-ci qui luit m’aime

Il danse à distance et combat le corps à corps
Et refuse le tchin-tchin du verre qui scelle
Un début d’amitié par deux esprits raccords
Pouvant coller ventre à dos sur la même selle

Il écrit sans bougie sans électricité
De peur de tomber le nez sur la connivence
Et ne se permet qu’un peu d’excentricité
En choyant son yacht blanc sis à Saint Paul de Vence

Ah la mer et ses flots qui ne demandent rien
Que de les contempler même dans leur colère
Qui sauraient emporter un quelconque Adrien
Mais il s’appelle Auguste et la mer le tolère

Des poissons lui font des signes de ralliement
En l’accompagnant dans une chorégraphie
Si jolie qu’il ne les voit plus en aliment
Mais en génies rêvant d’une photographie

Il n’a pas d’appareil et a lu les propos
Sur le bonheur d’Alain et sait bien que la vue
Naturelle est celle qui prépare au repos
Après avoir passé tout le monde en revue

Il se fait du bien sur le rivage l’attend
Des genres féminins avec des dents d’ivoire
Qui lui tendent la main mais sa main ne la tend
Qu’à Ghanima connue sur la Côte d’Ivoire

Il ne choque pas de verre avec elle oh non
Et ne l’a embrassée qu’à la fin d’une lettre
Après qu’il a écrit oh ma belle guenon
Tu m’as plu mais je ne suis pas un fidèle être

Il vaut mieux se quitter avant de commencer
Et rompre une union qui n’a pas eu d’existence
Moi j’ai un grand champ que je dois ensemencer
Ma solitude immense et mon incompétence

A teinter le ciel gris du bleu de mes yeux verts
A n’aimer que ma pomme aussi je me pardonne
Et je pardonne aussi aux regards de travers
Qui me dissèquent moi qui n’aucune part donne.