Vos
poèmes

Tant sont des mots gris de poussière
Rappelant le trop mauvais soir
Du chemin de pierre grossière
Emprunté seul et dans le noir.

De gros mots tus, d'obscurité,
Traversant les nuits d’épouvante ;
Des mots obtus, d’obscénité
Chevrotant leur peine éprouvante.

Les plots de mots lestés d’acier
Qui heurtent de front la parole
Du faible au visage émacié
Affamé d’un fugace rôle.

Le mot blanchi par le silence
Etranglé par l’anxiété
De transporter sa violence
Au nez de la société.

Celui qui sait se murmurer
A l’extrême bout de la bouche
Pour consoler cet emmuré
Dans le cachot qui fait sa couche.

Celui d’amour, feu d'artifice !
Lorsque le fils est de retour.
« Regarde-moi : ta peau est lisse…
Raconte-moi ton grand détour. »

Et le velours brodé de soie
Entre la langue et le palais
Poli dans la joie pour qu’il voie
Le caillou devenu galet.

Unis dans la phrase ou tout seuls
Arrosés de fiel ou de crème
Ô mots, vous êtes blancs linceuls
Ou huile de vie du Saint Chrême.

Au sourd qui ne vous reçoit pas,
Au muet, triste, qui s’en prive,
La main agite avec le bras
Des mots qui traversent la rive…