Il collectionne des tricots des timbres-postes et des cartes Des automobiles de sport et tous les discours de Descartes Après s’être débarrassé des peaux du dos, des os, des crocs Qui auraient pu appartenir qui sait au nommé Charles Cros.
Il met de côté seaux et brocs qui puisent l’eau de la fontaine Placée près du petit muret qui dut inspirer Lafontaine Et des napperons en mouton avec des bâtons de berger Qu’auraient peut-être aimés qui sait Jean Daujat ou Gaston Berger
Il amasse des médaillons gravés sous le prénom d’Alain Après qu’il n’a pas détesté le bonheur sans chardon d’Alain En passant son temps à gratter deux petits points rouges vers l’aine Auxquels n’auraient pas succombé les amis Rimbaud et Verlaine
Il rafle tous les souvenirs à Paris liés à la France Les livres des bouquinistes sur les quais d’Anatole France Après avoir raté un rat musqué mais trouvé six hérons Qui n’auraient pas appartenu au légendaire Cicéron
Il a surtout un faible pour un bel objet rare et nouveau Sans avoir la moindre pensée au sujet de Germain Nouveau Les duvets et les becs d’oiseaux les ailes des aigles leurs serres Qui seraient appréciées par le cher Agenais Michel Serres
Un matin ou peut-être un soir il entreprit d’additionner Tout ce qu’il s’était depuis cent sept ans mis a collectionner En prenant des gants d’astrakan quand un vent d’autan en deux souffles Lui fit songer qu’ils les avait hélas eus en vendant ses moufles.
