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Jean-Michel BOLLET

Bien-être

Grâce à Dieu qui m’a fait bien naître
Je suis heureux de mon bien-être

Depuis le jour béni de mon entrée dans l’air
J’ai collectionné la joie
Dans des boîtes dorées nouées d’un ruban clair
Où le satin lissait la soie

Et quand je désirais plaire à mes grands-parents
J’ouvrais mon coffret de dentelle
Et vivement les doigts plongeaient en s’emparant
De ce qui était dedans : telle

Voilette ou écharpe et telle paire de gants
Qu’ils avaient portés après-guerre
Et souriaient « mais oui, nous étions élégants
Même si tu ne le vois guère. »

Grâce à Dieu qui m’a fait bien naître
Je suis heureux de mon bien-être

Dans mes écrins secrets, je conservais des pleurs
Mouillant la photo de mon père
Décédé entouré de gerbes bleues de fleurs
Et du dos de ma pauvre mère

Heureuse désormais puisqu’elle était à Dieu
Retournée avec son cher être
Et même si elle ne m’a pas dit « Adieu »
Je sais qu’elle a reçu les mots sacrés du prêtre.

De mes parents, j’ai peau, tête, âme, cœur et sang
Des cris, des larmes et du rire
Et quand je pense à eux, mes vieux dont je descends,
Je voudrais dire et tant écrire.

Grâce à Dieu qui m’a fait bien naître
Je suis heureux de mon bien-être

J’ai prié dans les cieux Celui que j’aimais tant
Qui berça mon lit blanc d’enfance
Et, en chantant, dans un champ charmant je m’étends
Sûr qu’il assure ma défense

Car si je ne crains rien, (grâce à lui je suis né)
L’animal est là qui me tente :
« Laisse-toi donc aller, aux autres j’ai donné
Tant de trésors ; viens sous ma tente. »

Mais, je ne suis pas fou ; le Sage au ciel m’est doux
Et de peu de don il me prive ;
Il m’a façonné fort, lucide et il m’aide où
Là où je suis à la dérive.

Grâce à Dieu qui m’a fait bien naître
Je suis heureux de mon bien-être

Je me dis quelquefois : pourquoi fus-tu choisi
Alors qu’un autre se désole
Et mon visage ainsi devient tout cramoisi
Et, marri, au loin, je m’isole.

Mais, je me ressaisis puis très ragaillardi
Je retourne à ma gaieté d’être
En riant de Charlot, de Laurel et Hardy
Les premiers à l’applaudimètre.

Aujourd’hui, le passé me tient bien une main
Et laisse au destin aller l’autre
Encline à saisir au long de mon bon chemin
La tienne, la sienne, la vôtre

Que le bon Dieu a bien fait naître
En ouvrant en grand sa fenêtre.