Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Aux côtés du malheur

A force de cris et de désespoir du monde
Est vite arrivé à son côté le malheur
Qui le colle à sa gauche en délaissant sa droite
Et notre ami d’une manière maladroite
Cherche avec son bras libre où se tient le bonheur
Qui se laisse bercer par la langueur d’une onde

Pas si loin d’ici en vaquant dans une mare
Le dos étendu sur le fil ténu de l’eau
Qui capte un éclat d’un soleil rouge-or-orange
Jouant à cache-cache avec un arbre étrange
Si long, si fin, si blanc semblable à ce bouleau
Droit et dressé comme lié à une amarre.

Le malheur doute et flaire où est son adversaire
Et serre sa proie plus fortement contre lui
Sans la quitter d’un pas, d’un clou d’une semelle
En maugréant qu’il hait le bon quand il se mêle
D’apporter à la nuit la lumière qui luit
Avec le matériel et tout le nécessaire.

La victime entendant le chant d’un bruant mâle,
De la bécassine qui cause à un crapaud
Et son bonheur plongeant sur l’ouïe d’une tanche
Pendant qu’un triton jaune au ventre lisse étanche
La soif qui sourd par tous les pores de sa peau,
Déclenche – malgré elle - une pluie lacrymale,

Une tempête dans la tête épouvantable
Surprenant le malheur qui fermant sa main tient
Le bras gauche et surveille en jetant l’œil à droite
Si l’autre membre de manière plus adroite
Peut saisir le bonheur mais le malheur maintient
Qu’une telle quête n’est rien que lamentable.

Alors, le prisonnier, fait éclater l’orage
Après l’averse qui a détrempé ses yeux
En perçant d’un éclair son geôlier et la foudre
De sa puissance le réduit en fine poudre ;
Averti, le bonheur, sorti, quitte les lieux
Pour voir son camarade - hagard - en essorage.

Le funeste étant mort de la mort la plus belle,
Le joyeux se place sans choisir un côté
Vers l’être désaxé privé de sa boussole
Et d’un parfum si fin dans la voix qui console,
Forcé d’avoir marché avec ce mal coté
Par le bonheur qui court quand une brebis bêle.