Sublime solitude
Si pour naître on n'est jamais seul,
Il en est alors autrement,
Quand la mort pose son linceul,
Pour l'éternité d'inconscient.
Le col de l'utérus franchi,
Une main coupe le cordon,
Inauguration de la vie,
La course ouverte aux marathons.
Du sein, vers le quelque chose,
Un passeur fait son bel office,
Un vivant cueille une rose,
Geste libérateur, complice.
Une vie s'externalise
Aux jours de tous ses aléas.
Le conscient se finalise,
Quand il ignore son trépas.
Naître vif, c'est s'offrir un peu.
Mourir en vie, le lot commun
De tous les êtres, très nombreux,
C'est être tous et plus aucun.
La mort, sublime et haut rempart
De la conscience d'infini,
Un mur à passer, sans égard,
Solitude vers l'accompli.
Il n'y a pas de ventre mou,
A caresser d'un échographe,
Pour voir les contours du verrou.
Porte close sur l'épitaphe.
Mourir est un acte ultime,
Quand notre conscience s'endort.
Passage vers le sublime,
Chaque être cesse de faire corps.
Seul, à jamais, vers le vide
Des étoiles abyssales,
Aux couleurs pâles, livides,
Du règne des amours triviales.
