La radio bavasse, dans la pièce vide, Une conversation nourrie entre savants Pérorant pour eux des phrases insipides, Que les murs blancs, froids, avalent, indifférents.
Conversation égarée en son propre écho De mots précieux roucoulés sur le bord du temps, Ailleurs, nulle part, loin d'ici, un flot de mots Coule sur des cravates de soie boniments.
Le silence trouve pourtant sa place en creux. Il se pose là, entre les voix du néant, Lourd, comme le coeur de plomb d'un vieil amoureux, Qu'une idylle a laissé dans ses rêves d'amant.
Un trait de lumière porte la poussière En grains myriades microscopiques de vie Sur le métal froid, luisant, de la lanière D'un fusil, sur le sol, au côté d'un grand lit.
Les mots, bercés de silence, viennent tomber Sous le poids de l'absence, qui ferme le temps, Dans une flaque de sang noir illuminée D'un trait de soleil, oublié du firmament.
Les mots monotones se noient dans cet oubli, Au large des frémissements de la pensée. Un homme suicide, à jamais sourd à la vie, A ouvert la radio avant de s'en aller...