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Jean-Marc BUTTIN

Grandeur des appétits.

J'ai très longuement regardé une vache,
Couchée sur le pré, là-haut, à ruminer,
Au coeur de son troupeau,aux cuirs bruns sans tache.
Le temps et la vie comme ensemble retrouvé.

Elle m'a toisé du plus profond de son oeil noir,
Dans sa mastication au rythme saccadé.
Elle semblait absente à ce qu'elle paraissait voir.
Une' boule remontait son cou, qu'elle' mâchouillait.

Qui de nous deux ragardait l'autre si proche?
Nous étions posés, sur ce tableau de l'été,
Dans cet écrin de verdure, sous la roche
De cette montagne à vaches, ensoleillée.

J'ai pris le temps, qui se donnait en échappée,
De l'étreinte d'un frisson de bonheur simple,
Sur le sol de Chartreuse la vie sublimée,
Dans la rencontre de cet antique couple.

J'étais animal allongé sur la Terre,
Possédé par la vie qui me donnait la joie
De frémir, immense et minuscule hère,
Poussière d'étoile, par l'infini tutoyé.

Un steak tartare à la sauce relevée d'ail,
Une bonne tomme crémeuse pour dessert,
Les bons repas générés par ce beau bétail...
Une fin de loup a stoppé ce grand concert!