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Jean-Marc BUTTIN

Grand frisson permanent.

Elus de profession sur la naïveté
Des peuples, prompts à désigner leurs idoles,
Enarques et diplômés technocratisés,
Cravates de soie lustrant vos casseroles,

Syndicalistes errant en démocratie,
A bon compte et sans aucune égratignure,
Jouisseurs de toute puissance, d'avanie,
Attisant les peurs de viles impostures,

Violeurs de suffrage transformant en un oui
Le vote d'un peuple s'exprimant en un non,
Elite vérolée d'un moule sans esprit,
Experte à dire à l'autre ce qui lui est bon,

Juges consentant, repus, au nom du peuple,
De sécuritaire justice pour les gueux,
Aboyant en loups votre éthique trop souple,
Contorsionnistes de prétoires miséreux,

Parents sans affection construisant un désert,
Propice terreau des amours en violences,
Surprotégeant jusqu'à l'asphyxie du grand air
Vos enfants obèses de surabondance,

Gourous mercantiles des obscurantismes,
Prêtres de la soumission aux peurs d'exister,
Rois des exclusifs, chantres de moralismes
Sur le flot de sang des martyres sacrifiés,

Manipulateurs d'images et d'opinion,
Princes des médias galvanisés d'audience,
Faiseurs de songes et de cauchemars profonds,
Menteurs par omission, serveurs d'impudence,

Gloire à chacun de vous pour vos réussites!
Vous assignez le siècle à nos égoismes,
Merci de nous faire aimer la mort bien vite,
Dans l'incantation de l'instant, seul tropisme.

L'urgence, au bruit permanent de vos discours,
Décisions, lâchetés et vos vils abandons,
Déesse suprême d'un magique recours,
Fait de notre temps l'épure d'un grand frisson.