Elles montrent leurs fesses déjà molles, Le long de la nationale noire. Ras la moule, jupe camisole, Putes misère, au froid territoire.
Peau mate aux rides de pauvres fesses, Exposées sur l’étale de la mort, Se vendre pour quelques tristes pièces Au premier sexe à bander sur leur sort.
Elles sont une dizaine à l’asphalte De quelques kilomètres du siècle, Traînant leur corps à vendre sans halte Dans la galère d’un infernal cercle.
Leur peau, leur cul, pour seule vraie monnaie D’une liberté enchaînée, perdue. Le sperme d’hommes morts pour seule paie, Filles du silence à perte de vue.
Bordure d’un golf chic à dix huit trous, L’Isère coule son limon de vie. A deux pas, sur la route, sous écrou, Des filles saignent leur vie sans un cri.
Silence complice, chacun passe Sa route vers son destin quotidien. Un œil furtif sur ces fesses lasses, Chacun se rougit du sang des putains.
Belle démocratie de primates, Nous inventons des énarques sans fin, Quand sur la route, culs sans cravate, Quelques filles abondent le turbin.
Morale républicaine grand teint, Nos lois régissent cet agencement. De leur sexe mort, leur ventre, leurs seins, Les putes sont nos plus beaux reniements.