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Jean-Marc BUTTIN

Discret cueilleur d'éternité.

Il y a cohue, à la porte du studio,
Sur ce chemin de Chartreuse, vers le Grand Som.
Un chien fait des va-et-vient, comme un vrai cabot,
Recommençant les prises, pour un meilleur son.

Un drone, là-haut, comme une nuée d'abeilles,
Bourdonne au-dessus des rochers, gris scintillant.
Un chien, des cinéaste s'affairent, pareil
A une équipe de tournage sur ses plans.

Le chemin est étroit, pour y croiser chacun.
Entre éboulis et précipice, la sente
Se fait boueuse. Les touristes, un à un,
Sont stoppés dans l'effort, séance tenante.

Sur la prairie, en pente abrupte, j'observe
Ce curieux attroupement de gens étranges.
Ce lieu, d'ordinaire silence et réserve,
Est métamorphosé dans ce fou mélange.

Ils ignorent ma présence, sous les rochers.
J'ai le sentiment d'être d'un autre monde.
Cueilleur de vulnéraire, d'un temps passé, perché,
Entre ciel et lapiaz, l'humeur vagabonde.

Le moindre faux pas, et c'est la chute assurée!
Je me concentre sur ma cueillette, là-haut.
Je laisse en contrebas les gens s'apostropher.
Je suis trop près du ciel, à un autre niveau.

Un film sortira de ce paysage.
La Chartreuse fera sans doute encore rêver.
Je reviendrai chaque année près des nuages,
Solitaire, discret cueilleur d'éternité.