Je suis agrégat des cristaux sel de la peur, De cette frousse froide figée au ventre, De cet effroi permanent de vieille terreur, Séisme latent, dont je suis épicentre.
Au cœur du présent, le futur infini fuit Vers d'imaginaires portes de haute mer, Voyage toujours inachevé vers l'envie D'être insensible au goût sacré de fruits amers.
Sur la corde raide des menaces vives, L'équilibre au jeu du désir à réprimer, Danse incertaine à ses sources créatives, Sublime ivresse folle impossible à dompter.
Je suis, sangs rongés de ce frein invisible, Sur les rives molles, d'un fleuve à se traîner, Serpent lourd et lent de ses crues, irascible, Aux emportements soudains toujours redoutés.
Aux nasses d'un filet d'une histoire enchaîné, Le temps s'emmêle une tuyauterie bouchée. Aux nœuds de peurs, l'aube des jours émancipés Reste dans l'ombre des nuits de tous les secrets.
La crainte, sœur jumelle de déchirure, Verrouille le seuil de toute sérénité, Gardienne fidèle de sourde imposture, Attentive à tenir celés les maux cachés.
Je suis intuition désarroi, delta échu, De ce corps océan des fleuves de l'ailleurs. Les affres de présages, toujours entrevues, Taraudent de silence mes digues de peur.
