D'abord on virera tout le monde, Tous ces énarques, semeurs de sable, Dans les tuyaux des usines à gaz. On pourra alors se mettre à table.
On distribuera des dividendes, Pris sur les intérêts de la dette. On mangera même de la viande, Préparée en nouvelles recettes.
Une' grande bouffe de République, Avec suffrage des ritournelles, Des chants populaires bien lubriques. Nous danserons autour des gamelles.
On ouvrira les portes des prisons, Pour qu'un air frais puisse enfin y entrer. Nous jouirons de jouer au plus con, Fumeurs d'herbes en soupirs échangés.
On fera l'amour à chaque occasion, Dans un temps de plaisirs aux quatre coins. On s'appliquera à tourner en rond, Pour être sûrs de perdre nos chemins.
On jouera à se faire le grand soir, Sans p'tits matins à la gueule de bois. On cassera menu tous les miroirs, Que nos rides plus jamais ne se voient.
On tirera au sort une liste De cinq mille personnes majeures. On les nommera "grands intégristes". Elles doseront le sel dans le beurre.
Enfin, on fera le licenciement, De tous ceux ayant encore un emploi, Pour que chacun stresse très librement, Sans qu'un autre ne le montre du doigt.
Les poètes seront tous internés, Dans les mots de leurs fières libertés. On se croira seul à savoir rêver Du plein emploi, tous enfin licenciés.
