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Jean Louis BESSIERE

Merci d'avoir été ( Hommage à Georges Brassens ) 2°partie

Sous le tison bleuté des premières écoutes
Pour la bande aux copains de la tour des miracles
Flottait un drapeau noir en regard du spectacle
Un vent de liberté se lève, emplit la voûte
D’un arôme épicé fleurant en bord de route
Les essences inconnues d’un ersatz de pinacle.
Egaré sur la scène, au gré des cabarets
Le regard anobli d’une humble certitude
Poussé par les amis, sevré de solitude
Il espère une ivraie libérant les guérets
Un édit de justice, sans mort au couperet
Abjurant tout déni pour la mansuétude.
Le talent méconnu d’un orfèvre des mots
Bouscule densément les tablées impassibles
D’un public étonné, pisse froid, irascible.
Proférant à loisir d’ineffables bons mots
Il partait chaque soir vers son fort Alamo
Dans un jeu d’émotion dont il était la cible.
Le temps est advenu des hourras ! des bravos !
Guitare en bandoulière, moustaches en bannière
Le grognard sur le champ déserta sa tanière.
Montmartre offrait la fée propice au renouveau
Aux nouvelles cuvées versant le vin nouveau
De ce noble ursidé en mal de vivre et de lumière.
Sur la France sans heurt retentit la voix roc
D’un chêne courroucé par l’acier froid des grilles
Ouvrant les deux battants de la cage au gorille.
J’ai sans tremplin plongé dans l’onde électrochoc
D’un cœur de ménestrel qui battait la breloqu’
Sous l’ébène drapeau d’un preneur de bastille.
Quarante années durant au fronton du talent
Fleurit à son pourpoint des gerbes de chansons
Brodées potron-minet tel un point d’Alençon
Dans la simplicité d’un cœur chauffé à blanc.
Sa trace, ses idées hors des foires à l’encan
Se singularisaient loin des mordus de l’unisson.
Au nom d’une foison de levers de rideaux
En couplant sa musique à Pierrot la Famine
En un sobre duo qu’un sunlight illumine
Forgeron d’amitié dont il fit son credo
Sans le moindre serment au code bushido
Il a cru en l’honneur dont le mot prédomine.
Puis brocardant la mort et les panseurs de l’âme
Il mit en porte à faux le couperet faucheur
Qui dépourvu d’humour aiguisait sa rancœur.
Esquissant le dessein d’un vil retour de lame
Il boutait hardiment au fil d’une épigramme
Les assauts insistants du nocher maraudeur.
L’automne ornait de bleu les franges du soleil
Tombé au chant d’honneur pour Ninon de l’Enclos
Georges a quitté nos rives à bord d’un pédalo
Sous le regard perdu d’un ciel en trompe l’œil
La méditerranée entrouvrit le recueil
D’une œuvre inachevée de musique à vau-l’eau
Jésus ! Si tu m’entends du haut de ton cénacle
Sache qu’un jour d’Octobre en enlevant sa vie
Je ne suis pas très sur d’avoir trop bien suivi !
Si tu as égaré ton goût pour les miracles
J’ai quant à moi tourné le dos aux tabernacles.
Le doute est un soldat aux mœurs trop asservies.