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Jean Louis BESSIERE

Génie, Imposture ( 1 )

Il naquit à Pleno, au mitan d’un été
Dans la moite torpeur d’une cité texane
Linda était heureuse et sa nativité
Irisait la blancheur de sa chambre diaphane.
Le soleil éclatant de son état natal
Couvait d’un œil ardent le bouillant destrier
Fondant à l’unisson les rayons de métal
D’une suture née d’un rêve aventurier.
Accélérant le pas au gré de ses prouesses
Il piaffait de céder aux forces de l’envie
Aux croisées du chemin il choisit sa maîtresse
Sa soif de jeune amant uniment assouvie
Son engouement bouté hors de cette Amérique
Passive, indifférente à ses jeunes visées
Son regard s’évadant par delà l’Atlantique
Aux pentes incurvées d’illustres cols français.
Il engagea l’allant de sa vingtième année
En embarquant sa vie en des landes nouvelles
Des pavés flandriens au week-end ardennais
L’ambition le brûla à l’huis des citadelles
Son nom s’est élevé tel un coup de tonnerre
Associant à ce cri un flot d’en avant toute
Cinquante étoiles d’or essaimant sa bannière
D’emblée son avenir proscrit l’ombre du doute.
Un rendez-vous d’amour avec dame victoire
S’est jeté à son cou au flanc de l’ossuaire
Tel un prime jalon, en œillade à la gloire
Signant une épitaphe à notre Apollinaire.
Octobre le para de l’écharpe d’iris
Sous le rideau pluvieux de la Scandinavie
S’inscrivant au gotha parmi sa confrérie
Quand le peuple viking abaissa pont-levis.
Toscane en accueillant cet homme au port altier
En ce temps immoral imprégné d’exclusion
Frankie, Lance et Fabio, convoyeurs d’amitié
Ouvrirent à deux battants une voie d’ambition…
Sur le flanc terrifiant d’un col Haut Garonnais
Sous le feu larmoyant d’un soleil de juillet
Au versant endeuillé du noir Portet d’Aspet
Fabio, à grand fracas s’est recroquevillé.
Face à l’acre destin au cœur du Limousin
Levant son regard bleu l’index pointé au ciel,
Il dilua le sang d’un bitume assassin
Quand il lâcha la bonde à ses larmes de fiel.
Son sacre de printemps un beau jour s’est enfui
Sur la pente escarpée d’un mont de Wallonie
En levant les deux bras sur la hauteur de Huy
Il associa Fabio en une mort honnie.
Alors qu’il écoulait sa vie comme un torrent
En ces élans fougueux seyant à la jeunesse,
L’incurabilité lui infligea tourments…
L’alarme s’inscrivant au gris de sa détresse
Champion au cœur flétri, tutoyeur de l’extase
Il a vu se murer la porte de sa vie
Le corps aggloméré d’essaims de métastases
Et la tête évidée de rêves inassouvis.