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Jean Louis BESSIERE

Autopsie d'un grimoire (I)

J’ai ce soir mille envies d’écouler ma mémoire
En tournant lentement les pages d’un grimoire
Où Paname exposa aux frimas de Nivôse
Le départ hasardé de mon compte à rebours

De l’adret du massif au méandre du gave
S’ouvre le val d’Ossau tel une mi enclave
Où de cime en versant, de torrent en dérive
S’étale Adour, Béarn, aux berges de la Nive.

Au pied de la paroi de mes fêtes foraines
Se fortifia mon pas galoché d’Hasparren
Cliquetant au préau du petit séminaire
Le tempo martelé d'un demi-pensionnaire

Avant de s’arrimer aux rives de Garonne
A l’aube des années que le plaisir claironne
L’arrière goût du sang ou celui du cyanure
Que le temps assassin vous injecte en piqûre

Au soleil rayonnant c’est toujours le printemps
Dans le miroir troublant des visages d’antan
Et le moment diffus criblant de son impact
L’écran du souvenir, redoutable flash-back.

Aux pages d’amitié j’ai vécu à outrance
Jacques soit-il loué en offrant la présence
D'un témoin souverain des années d’insouciance
Décrocha le filin de nos rives d’enfance.

Les demains ont pourtant lézardé le destin
Comme une opacité à ce miroir sans tain
Quand l’absence immisça la cruelle présence
Des jours cadenassés aux barreaux du silence.

Sur le quai déserté d’amitiés en souffrance
Survint le temps crétin d’aller servir la France,
Aux casernes grisées étouffant nos vingt ans
Où l’écho militaire déverse un flot jusant.

En ces jours étalant le reflux du pourquoi
Cupidon remisa tant de flèches au carquois
Jusqu’au jour où monta la fragile promesse
De ton amour païen servant nos fausses messes

Quand frôlant le velours de ta lèvre incarnat
Sans la règle d’un jeu dépourvu d’hosanna
Le désir capiteux d’un rose à fleur de peau
Est venu consumer un agent des impôts.

Un souffle printanier ouvrait de prime-saut
La rue redescendue au bras de mes cerceaux
De l’Olympia à Bobino les consœurs capitales
Montaient en crescendo nos fièvres musicales.

Un prime fruit d’amour vint gonfler ta chemise
Et les larmes salées des canaux de Venise
Quand la vie se dévide en ces insurrections
Où le cœur à genoux nie la génuflexion