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Jean GALLOY

Nomad's Land

Toi qui n'as pas de lieu propre
Toi qui vis dans le no man's Land
Là où personne ne s'aventure
Sauf ceux qui n'ont rien à perdre, rien à défendre
Sans domicile mais non pas sans maison (tu es bien chez toi sur la Terre)
Derrière les murs barbelés de la fermeture des hommes et de leurs regards qui sont des miradors
Tu t'en vas, allégé de toutes richesses futiles
Le pas lourd de tes voyages mais allant, avenant,
Rythmique. Tu as trouvé ton allure, ta danse propre et unique
Tu as su déployer ces membres qui t'ont été donnés pour aller vers...
Aller vers l'autre
C'est comme un peu ton but, ton horizon, ton guide sans lequel tu n'aurais pas fait long feu. Vous le savez, toi, ta race avant toi, et ceux qui te succéderont.
Mais tu le sais toi, il y a une autre progéniture. Une autre fécondité : celle que sèment les semelles ailées des clochards célestes sur leur route. (Un peu comme des cigognes disons.) Mais tu ne le vends pas, tu ne le claironnes pas, simplement tu ouvres la main, tu demandes un petit bout et quelque chose que personne n'a vu tombe de ta main et s'enfonce dans la terre des coeurs, une semence de fraternité, de divinité retrouvée qui ira s'épanouir sur les visages en pétales de sourires ou dans la lueur d'un regard...
Ton odeur de chameau te maintient loin des sociétés aux sens bouffis de plaisir. Mais qu'importe comme le chameau tu peux supporter plusieurs journées de marche sans boire la vie qui s'écoule de chacun. Tu passes alors d'un lieu à un autre sans perdre trop de temps, sans perdre haleine, tu te confies à l'ingénierie du ciel qui sait quels vantaux ouvrir pour continuer ta route. Elle mettra ces gens sur ton passage tu n'as pas à t'inquiéter. Mais déjà elle coule en toi cette eau et toi-même tu peux la donner.
Tu es riche, de cette richesse infinie qu'on ne pourra pas te voler, toujours neuve, qui s'amplifie à mesure qu'elle se donne
Ces paroles reçues au fil des rencontres
Ces visages, qui restent
Ce flot divin qui coule en toi
Cette joie
Cette sagesse qui est la parole de Dieu en toi, veille, elle est vivante tant que tu l'entretiens, cette fiole, cette fiole d'espérance cette folle espérance cette folie divine c'est ton âme, o clochard céleste enfant errant de Dieu