Qu'as-tu récolté au fil de tes errances ? Une âme battue, un cœur qui se sait rance un sourire édenté, un regard éventé la voix pusillanime d'un chant éventré ?
Pour quêter l'horizon tu a fui ta maison Pour quérir le soleil tu as fui la moisson Et tes mains percées dans tes poches trouées n'ont su ramasser qu'un destin échoué...
Sois franc avec toi-même : est-ce que ton cœur sourit Quand, comme un pneu crevé fait éclater son cri tonne ton rire fou, lorsque ta bouche rit ? Mais tes yeux te trahissent, tes yeux pâles, aigris, Ton regard amaigri.
Où est donc passé l'espoir de tes yeux qui dardait d'un trait le front sourcilleux de la mort, la sombre cavalerie qui veut nous noyer en ses soûleries ?
Où est donc passée la flamme de ton cœur qui allait au devant des âmes tes consœurs tandis que, vagabond, le pas effarouché tu poursuis l'horizon et sa face effacée qui cherche à t'avaler dans sa gueule béante ? Où est le phare de ton ardeur vigilante ?
En fuyant l'offenseur, tu as fui le pardon. Tu as pris tes jambes à ton cou. Dindon de la farce où t'a fait rôtir ton Ennemi. Dans ta plaie il a mis un germe de révolte à côté de celui que plantait ton Seigneur à l'aube de ta vie lorsqu'il dit : "Aujourd'hui j'offre à nouveau mon cœur. A mon image un fils bienheureux m'est surgi, oh surgeon prometteur ! En tout temps je l'arroserai de mon Esprit, il connaîtra mon cœur. Il arrosera comme je l'ai arrosé Il aimera comme je l'ai aimé." Où est donc ton baptême à présent, fils fermé ?
Oh reviens, fils rebelle ! Il est encore temps. Au revoir éternel indécis, je t'attends, au cas où tu reviendrais. Je t'attends les bras ballants Je t'attends le cœur dolent Je t'attends le cœur béant au cas où tu reviendrais je t'attends au loin, tout prêt.