En exode de soi, pour aller au-devant d'une terre inconnue, où je suis étranger. Retire tes sandales de tes pieds, car ce lieu est sacré. Un mystère s'approche avec humilité. Tiens-toi coi et écoute. Te voici dans le lieu du Tout-Autre. Tu peux venir en conquérant et brûler cette terre. Tu peux venir en dominant et la coloniser. Vouloir l'instruire de tes propres ressources. Et tu peux y venir en hôte, pauvre comme ton Dieu vient à toi, dans la brise légère, sans fracas, sans clairon, sans éclat. Dans le simple silence d'un coeur pleinement investi par celui qu'il rencontre. Aborde l'Autre comme Dieu t'aborde, de l'avenant abordage de qui te couronne d'estime et d'attention, l'oreille ouverte comme une tente assoiffée d'air. "Que ce lieu est redoutable, s'exclame l'humble estime du Tout-Autre, ce n'est rien moins qu'une maison de Dieu et la porte du ciel !" Car Hombeline l'humble estime se laisse toujours surprendre, et lors, émerveiller. S'émerveiller : d'abord se taire. Puis écouter. Alors dire : "oh !" à la visite de l'émotion, surprise d'être là. L'Exode de soi a pour destination le Tout Autre. Et si autre et notre prochain, notre est son destin. Vide un peu ton oreille de tout bruit, que puisse la remplir cette pluie, quand le ciel d'autrui se décide d'ouvrir ses écluses. L'âme est un coquillage qui chante ses secrets au creux de l'oreille qui l'écoute. L'écoute est une marche. Un voyage, un exil vers autrui. Une vague désireuse de trouver l'autre rive. Une vague avenante qui tend timidement sa manche au seuil de la berge. L'écoute est un vase où peuvent s'écouler les pleurs. L'écoute est un puits de science qui chante en ses tréfonds les merveilles d'autrui, surtout aux jours d'orage, quand autrui se révèle en ses rideaux de pluie...
