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Jean CIPHAN

Ne n’oublie pas, Petite !

Quand on est un vieux roc dont la paroi s’effrite
On n’est point de ceux que le mot vieillir irrite,
On sait qu’il reste un temps, car le roc, sans fracas,
Pourra longtemps encore examiner son cas.

Tendreté n’est plus l’apanage
D’un quinquagénaire que l’âge
N’a pas forcément fait plus fort :
Restons-en là, sur notre faim !

Mais Tendresse se rit de l’âge
Et demeure, elle, l’apanage
D’un vieux cœur, quand il bat si fort
Dispensant son amour sans fin.

Vingt-neuf ans ! Elle est bien curieuse,
La destinée, si sourcilleuse
En matière de vie heureuse
D’avoir choisi nombre premier
Pour être de ta vie moitié,
En années, de celle du père !

Nombre premier ! Un vrai temps plein,
Une étape, un saut, un tremplin.
Un nombre d’or ! Un nombre choix !
Celui où reine trouve roi
Parce qu’en tête, souveraine,
Elle se sent soudain si sereine.

Vis, ma Grande, et gronde alentour,
Montre-toi toi ! Humaine et bonne,
Camarade et samaritaine !
Certes !

Mais plus encore !
Imagine ! Piège ! Déconcerte !
Ne pleure pas l’arbre abattu,
Ni l’envol du migrateur,
Ni le cœur volé !
Ni celui en errance, pas même celui en souffrance...

Et alors... Ou alors ?
Ose, expose, explose,
Prends l’arbre à bras le corps et fais-en la conquête !
Rejoins l’oiseau !
Reprends le cœur !
Sois le havre !
Sois médecine !
Ne laisse point faire, dresse-toi,
Assieds, assène, voire assassine
En tout bien tout honneur.

Trentième ? L’année du bonheur.
Je t’aime, Grande !
Et que les mots du père ne te fassent ombrage !
Qu’ils n’éveillent en toi ni rage ni orage !
Ne l’oublie pas, Petite :
J’ai double de ton âge !

(Foulées sereines - 2000)