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Jacques ROLLAND

Toujours, toujours viendra

Dussé-je me jouer de tous les bons apôtres,
Des saint Jean bouche d'or, des sycophantes
Qui clabaudent ou crapotent
Dans les coulisses du sentiment,
Des saintes huiles et vertus dont nous abreuvent
Deux mille ans de messianiques servitudes,
Des pistoleros de Dieu et autres gardiens
Des tourniquets de la mort,
Dussé-je errer pourtant, orphelin de tout,
Le souffle court sur des landes criblées de solitudes,
Ou en proie au vertige d’exister,
Tenir tête au néant, regarder bien en face
Le soleil jusqu’à n’y plus rien voir ni savoir
Et glisser à la fin dans un trou noir,
Dussé-je même ne jamais me réveiller
D’un rêve où j’eusse échappé à ma cage d’os,
Aux finitudes, aux chairs pourrissantes…
Toujours, toujours viendra
Du fond de mes nuits sans sommeil,
Ecarteler mon cœur de vieil enfant
La cruelle petite rengaine des amours blessés,
Manqués, perdus dans le passé,
La litanie des mots tus
Des élans retenus,
Des aveux scellés dans le marbre
Des impossibles retours.