Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jacques Mascaro

De Tokyo

Quand j'ai traversé Shinjuku Gyoen,
Le vert, le rouge et le jaune de Maple Hill
Évoquèrent les forêts canadiennes
Dans les lumières d'automne.
Errant sans fin dans les allées qui défilent
Jusqu'au jardin anglais,
Des personnes
Portant des manteaux serrés,
Polychromes,
Semblaient marcher comme des robots
Comme il faisait très froid en ce jour de novembre.
En passant par un banc
Blanc de chaux
Sous le soleil rayonnant
Où une dame âgée lisait un livre,
Je vis qu’elle portait un chapeau de jockey
Qui semblait fait
De velours sombre,
Et soudain au passé,
Le destin m’avait raccroché.
J'ai pensé à elle si longtemps…
J'ai senti tellement
Son ombre que même seul
Des signes en pays étranger
Me poussent à oublier
Du cœur le désarroi,
Car si l’on se revoit,
L’amour m’attache encore.
Je me suis assis au bord
D'un pont
Près d'un lac au reflets d'or
Avec un crayon
Pour dessiner dans mon journal,
Quand des collégiens en costumes bleus pâle
S’arrêtèrent près de moi tous unis
Pour me regarder faire.
Ils ont marmonné dans leur langue et je n’ai pas compris.
J'ai souri,
Répondu en français, en anglais, et ils partirent très vite aussi.
J'ai vu les cerisiers sans fleur,
Comme une chanson sans chœur,
Une photo sans couleurs.
Quand le temps entre deux villes s’écoule comme des années,
Être loin de quelqu'un, c'est perdre un peu de soi.
La distance dans le silence. La différence dans le silence.
L'indifférence et les mots durs sont faits de résistance...
A cette heure de la journée, quand j'ai quitté l'office,
Le train était si bondé, si rempli,
Que j'étais étourdi.
À la station de Shinjuku,
J'ai décidé de m’arrêter.
Dans les signes j'étais perdu,
Et sur la droite au hasard, prenant une sortie,
Un plan en main, je me laissai conduire par les rues de la ville.
Cherchant mon hôtel pas à pas,
De la foule je me suis éloigné,
Et puis j'ai vu la porte Sendagaya
De Shinjuku Gyoen...