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Jacques HOSOTTE

Le lorrain et le roi des canards

Ne pas voler dans les airs tel le bel Icare
Vous expose à être perçu comme un froussard.
Un lorrain malheureux qui aimait les canards
Et qui ne connaissait plus que des bonheurs rares
Désira rencontrer le roi de ces oiseaux,
Qu’il rejoignit vite, chaussé de ses houseaux.
Que me veux-tu, pour venir dans ma maisonnée,
Ne serais-tu pas heureux dans ta destinée,
Lui dit le monarque, étonné de voir un homme ?
Je veux tant voler lui répond notre bonhomme,
Que l’on me prenne pour un canard sauvage.
Si Dieu consent à te voir dans cet équipage,
Et que tu ne sois pas pris pour un imbécile,
Que ton vœu soit exaucé, qu’il te soit utile,
Lui dit le roi, qui croyait à une sottie.
Vole mais sois prudent dans tes acrobaties.

Des cieux, il assimile l’harmonie immense
Il en apprécie la clémence et le silence.
Par la force douce des vents, il est bercé,
Et par aucune peur il ne se sent menacé.
Il vole, il plane au dessus des blés flavescents.
Il se pose dans un jardin efflorescent.
La nature en fleurs est une fête radieuse
Qui l’entraîne dans bien des espérances envieuses.
Le vilain canard se livre alors aux facéties
Et s’y livre sans aucune modestie.
Ainsi, il s’invite sans gêne dans une fête
Sans craindre visiblement que l’on ne l’arrête.
Il désire seulement manger quelques poissons,
Mais les humains présents, devant ce polisson
Qui s’en prend à leurs victuailles sans raison,
Prennent leurs fusils et tirent sur l’animal.
Je suis un humain à qui vous faites du mal
Leur répond le canard, inquiet de son destin.
Je ne veux pas devenir votre festin !
Ebaubis devant ce volatile bavard,
Les chasseurs s’en prennent plus à lui sans retard.

Notre canard implore le roi de ses frères.
Je ne veux plus être parmi tous tes confrères.
Vous n’êtes pas différents de nous finalement ;
Certes nous pouvons être puissants dans le vent.
Mais nous y demeurons sous le joug des éléments.
Comme enfant du Bon Dieu, je veux demeurer sage
Et ne pas être pris pour un canard sauvage.
Je vois, lui dit le monarque des volatiles,
A tant faire que de devoir être un imbécile
Tu préfères l’être dans une comparaison fertile.